TRAITEMENT DE LA FOURRURE

La tonte de la fourrure produit un effet doux, luxuriant et velouté. Photo : Fourrures Gauthier.

Les fourrures brutes sont naturellement belles, mais elles doivent subir certains traitements pour les rendre durables, souples et suffisamment légères pour être transformées en vêtements. Dans les pages qui suivent, nous examinerons les procédés considérés comme essentiels, mais il existe de nombreux autres procédés facultatifs qui offrent aujourd’hui aux créateurs plus de souplesse que jamais pour produire une gamme remarquable d’effets spéciaux.

Le développement de méthodes permettant de rendre les peaux de fourrure plus légères et plus souples, parce que c’est ce que veulent les consommateurs, a été le plus remarquable. En effet, les peaux de fourrure peuvent désormais ressembler à des textiles et peuvent même être transformées en fil et tricotées !

LE DRESSAGE

La première étape de la préparation d’une fourrure consiste à dépouiller l’animal. Il est essentiel de conserver la peau intacte et d’éviter de la déchirer ou de l’abîmer. Un couteau spécial ou une lame rotative est utilisé pour enlever le plus possible de chair, de graisse et de membrane. Les peaux sont ensuite séchées.

Les peaux sont ensuite acheminées vers l’atelier de dressage. Pour pouvoir travailler les peaux, on assouplit le cuir en le réhydratant à l’aide de lavages chimiques. Un nettoyage approfondi est ensuite effectué afin d’éliminer toute trace de saleté, de sang ou de contaminants du cuir et de la fourrure. Un savon doux et de l’eau peuvent être utilisés à cet effet, tout en veillant à ne pas étirer ou endommager la fourrure.

Tous les lavages font épaissir le cuir, qui est donc aminci à l’aide d’un couteau d’écharnage. Il s’agit d’une opération délicate. Un faux mouvement et vous coupez les follicules et les poils tombent.

Il faut ensuite préserver le cuir pour qu’il soit moins susceptible de se décomposer. Il existe différentes méthodes pour y parvenir, mais la plupart d’entre elles font appel au tannage ou au salage.

Les solutions de tannage utilisent une variété de produits chimiques pour préserver le cuir. Les principaux produits chimiques utilisés sont les sels d’alun, y compris le sulfate d’aluminium. Ces produits chimiques sont plus inoffensifs que ceux utilisés pour le tannage du cuir uniquement, car l’objectif est différent. Lors du tannage du cuir uniquement, l’objectif est d’éliminer complètement les poils de la peau. Pour la fourrure, en revanche, il est essentiel d’éviter d’endommager les follicules pileux. Les sels d’alun sont utilisés depuis des centaines d’années pour purifier l’eau, réduire le pH du sol des jardins et à des fins médicinales. Le sulfate d’aluminium est l’ingrédient actif de nombreux anti-transpirants et est utilisé dans les crayons styptiques pour arrêter les saignements lors du rasage et pour soulager la douleur des piqûres d’insectes. D’autres ingrédients naturels couramment utilisés sont le sel de table (NaCl), l’eau, le carbonate de soude, la sciure de bois, l’amidon de maïs et la lanoline.

Des acides doux tels que l’acide acétique (vinaigre) sont également utilisés pour activer le processus de tannage, mais les contrôles modernes de protection de l’environnement garantissent qu’il n’y a pas d’effluents nocifs. Les graisses excédentaires sont écrémées et les niveaux de pH doivent être neutralisés avant que les eaux usées ne sortent des cuves de tannage.

Les groupes de défense des animaux aiment tirer la sonnette d’alarme sur l’utilisation du formaldéhyde dans la confection des fourrures, mais leur inquiétude est déplacée, surtout de nos jours. Le formaldéhyde est un produit chimique naturel, produit par tous les êtres vivants, végétaux et animaux. Il est également couramment utilisé dans l’industrie. Par exemple, l’industrie textile utilise des résines à base de formaldéhyde comme apprêts pour rendre les tissus infroissables, et le formaldéhyde est à la base des adhésifs utilisés dans le contreplaqué et les tapis. Il est vrai que certaines personnes sont sensibles au formaldéhyde, en particulier les travailleurs exposés à long terme par inhalation. C’est pourquoi son utilisation est progressivement abandonnée. Quant à son utilisation dans l’habillage des fourrures, il n’est plus utilisé en Amérique du Nord depuis de nombreuses années. Il est possible qu’il soit encore utilisé dans les pays asiatiques pour l’habillage des fourrures, mais il n’est absolument pas nécessaire et les quantités ne sont donc pas importantes.

Comme alternative au tannage, le cuir des fourrures peut être préservé par salage. Une quantité généreuse de sel non iodé est frottée sur tout le côté chair de la peau. On la laisse ensuite sécher pendant plusieurs jours, ce qui permet au sel d’extraire l’humidité et de préserver la peau. Après le séchage, l’excès de sel est secoué et la chair restante est enlevée par grattage.

Après le tannage ou le salage, les peaux sont placées dans un tambour rotatif contenant de la sciure de bois dur et une solution minérale pour nettoyer et conditionner le cuir. Les peaux ressortent encore humides, elles sont donc complètement séchées. Elles sont tendues sur un cadre ou attachées à une planche, côté cuir vers le haut, puis placées dans un endroit bien ventilé et à l’abri de la lumière directe du soleil. Le séchage peut durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines, en fonction de l’épaisseur et de la taille de la peau.

Une fois les peaux séchées, elles sont à nouveau assouplies pour leur donner un aspect plus souple et luxueux. Pour ce faire, on frotte une quantité généreuse d’huile végétale ou de lanoline sur le cuir, puis on jette les peaux dans un « kicker box » qui fait pénétrer l’huile dans le cuir. Le cuir peut également être malaxé, roulé ou massé pour briser les fibres.

Les peaux sont ensuite étirées à l’aide d’un rouet en métal, avant d’être pressées à chaud, un procédé qui permet de repasser la fourrure et de lui donner du lustre.

PLUMAGE ET TONTE

Traditionnellement, nos fourrures sont prêtes à être envoyées à l’usine de confection, ce qui est souvent le cas. Mais de plus en plus souvent, d’autres procédés sont appliqués en premier lieu, afin d’améliorer les qualités naturelles des fourrures. Trois de ces procédés facultatifs, désormais courants, sont la plumaison, la tonte et la teinture.

La majorité des fourrures sont constituées de deux types de poils. À l’extérieur, on trouve des poils relativement longs, brillants et grossiers, appelés poils de garde. Ces poils protègent l’animal contre les branches et autres dangers, et l’imperméabilisent dans une certaine mesure. Sous les poils de garde se trouve une couche de sous-poils doux et denses, qui fournit la plus grande partie de la chaleur.

 

Les poils de garde sont arrachés pour rendre un vêtement en fourrure plus doux, plus léger et moins volumineux, sans sacrifier une grande partie de la chaleur. Photo : Fourrures Gauthier.

Quelques espèces n’ont que des poils de garde et pas de sous-poils, comme les vrais phoques, les chèvres et les antilopes. D’autres espèces, comme les chinchillas et les lapins, ont toute la sous-poil et pas de poils de garde.

Afin d’obtenir des vêtements en fourrure plus doux, plus légers et moins encombrants sans sacrifier une grande partie de la chaleur, les poils de garde sont parfois enlevés, ou « plumés », à la main. Le « duvet » sous-jacent peut alors être tondu pour obtenir un poil uniforme, produisant un effet doux, luxuriant et velouté.

Ces deux procédés sont utilisés depuis longtemps pour les peaux de castor, et les transformateurs nord-américains sont reconnus pour produire les meilleurs vêtements de castor plumés et tondus. Cependant, la plumaison est un procédé qui demande beaucoup de travail et qui est de plus en plus délaissé par les transformateurs qui passent directement à la tonte.

La tonte (avec plumage optionnel) est également largement utilisée pour d’autres fourrures, notamment le vison, le rat musqué, la loutre et le raton laveur.

TEINTURE

Traditionnellement, les fourrures les plus chères n’étaient pas teintes car elles présentaient des couleurs naturelles extraordinaires. La teinture était plutôt utilisée pour les fourrures moins chères, en particulier le lapin, dans le but de ressembler aux fourrures plus chères. Ces dernières années, cependant, les fourrures teintes ont gagné en popularité auprès des créateurs et des consommateurs. Vison rose ? Castor violet ? Pas de problème !

Cependant, tout comme l’habillage de la fourrure, la teinture de la fourrure doit être effectuée avec délicatesse afin de ne pas endommager les follicules pileux.

AUTRES PROCÉDÉS

Une série de nouvelles techniques de transformation permettent aujourd’hui de produire des fourrures plus légères et plus souples que jamais.

Les fourrures peuvent désormais être mariées avec du cuir ou d’autres matériaux. Le côté peau peut être traité comme du cuir ou du daim (« double face »), ce qui permet d’obtenir un vêtement réversible. Outre l’épilation et la tonte, la fourrure peut être rainurée, sculptée (« découpe laser »), imprimée ou tricotée. Les techniques d’intarsia traitent la fourrure comme un vitrail ou une mosaïque, produisant ce que l’on peut décrire comme de « l’art à porter ».

Nous avons parcouru un long chemin depuis le manteau de fourrure traditionnel. Des procédés innovants d’apprêt, de teinture et de texturation inspirent aujourd’hui le designer et permettent au processus créatif de commencer avant même que le style spécifique ne soit conçu.

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